Balthazar Sahel (Head of Lighting), Marine Sisnaki (Rigging Lead), ainsi que Romain Pellé et Maxime Cots (Technical Developers) ont présenté leurs travaux et réflexions autour de MikChain, un outil nodal développé par MPC Paris et The Mill Paris pour automatiser les étapes de production.

Comprendre le besoin : automatiser pour mieux produire
Avec la montée en charge des projets et l’augmentation constante du nombre de plans à livrer, les équipes VFX sont confrontées à un défi majeur : gagner du temps sur les tâches répétitives et techniques pour se concentrer sur l’artistique.
Un cas typique, évoqué dès l’été 2023, illustre ce besoin : « Un asset a changé, je peux mettre à jour mes shots manuellement, mais cela me prendrait toute la nuit. J’ai besoin d’un outil qui le fasse en farm, en un clic. »
Les limites des anciens outils
Jusqu’à récemment, la réponse passait par le développement de scripts Python spécifiques. Utiles mais souvent trop rigides, ces outils présentaient plusieurs limites : difficilement réutilisables d’une production à l’autre, contraints par un seul contexte logiciel (Maya, Houdini ou Nuke), et peu personnalisables par les artistes. Résultat : un investissement technique important, mais une flexibilité limitée.
MikChain : une nouvelle approche nodale
Face à ces contraintes, les équipes MPC Paris et The Mill Paris ont conçu MikChain, un logiciel d’automatisation nodale. L’idée : proposer un outil souple, modulaire et réutilisable, tout en restant parfaitement intégré au pipeline existant.
Avec MikChain :
- les briques de base (publish, rendu, update de références, etc.) sont déjà disponibles et peuvent être combinées rapidement,
- les graphes sont modifiables par les artistes, qui gagnent en autonomie,
- plusieurs contextes logiciels (Maya, Houdini, Nuke) peuvent être enchaînés,
- la personnalisation est facilitée, sans sacrifier la robustesse technique.
Des cas concrets : Dracula et Valorant
MikChain a déjà fait ses preuves sur plusieurs productions d’envergure :
- Dracula: A Love Tale (Luc Besson)
→ 150 plans de roto-animation re-targetés, avec parfois jusqu’à 23 créatures sur un même shot.
→ En trois mois et demi, seulement deux graphistes et un TD ont géré près de 10 000 jobs lancés en farm, soit autant d’ouvertures automatisées de Maya et Nuke.
→ Résultat : des dizaines de nœuds pérennisés et intégrés désormais au pipeline. - Valorant (The Mill Paris)
→ Deux films full CG, 120 plans au total.
→ Défi spécifique : ingestion et export automatisés des scènes d’animation livrées par un studio partenaire.
→ Quatre nœuds développés, dont trois réutilisés aujourd’hui en production, permettant d’absorber un flux de vingt shots par heure avec un seul opérateur.
Plus de temps pour l’artistique
En développant MikChain, les équipes ont cherché à éliminer la charge logistique des artistes : moins de temps perdu sur les exports, le publishing ou la gestion des formats, plus de temps consacré à la création.
Au-delà du gain de productivité, cette démarche illustre une volonté de planifier en amont les étapes de fabrication et de remettre en question certaines habitudes, pour construire un pipeline plus souple, durable et adapté aux productions de demain.